LES ANTICORPS

 

" Le lait maternel c'est bon à cause des anticorps "

 

D'après une récente étude sur le sujet de l'allaitement maternel, des chercheurs seraient parvenus à prouver qu'un allaitement opéré durant les six premiers mois de la vie d'un enfant permettait de faire baisser le risque infectieux de 40%. L'étude a été menée par des chercheurs de l'Université de Crète qui ont étudié l'état de santé des bébés nourris exclusivement au sein, et seraient parvenus à confirmer le lien entre allaitement maternel et réduction des infections.
Ils sont parvenus à mettre en avant le fait que les enfants qui ont été allaités durant au moins six mois, présentaient moins d’infections telles que l’otite ou la gastro-entérite, que les enfants nourris au biberon. Mais pour que l'allaitement maternel soit réellement protecteur, il doit être exclusif et non partiel. De plus, plusieurs autres facteurs jouent sur la qualité de l'allaitement maternel comme l'exposition à la fumée du tabac par exemple.

 

 

On dit que les bébés nourris au sein sont plus résistants aux infections (telles que la gastro-entérite ou l'otite) que ceux nourris au lait infantile...

 

Q.1) Comment peut-on expliquer cette affirmation ?

 

Les bébés nourris au sein disposent de défenses immunitaires. Plusieurs dispositifs immunologiques s'opposent à la prolifération microbienne dans le lait maternel, et les plus courants sont les anticorps.

 

Q.2) Pourriez-vous définir la notion d'anticorps ?

 

Un anticorps est une protéine complexe utilisée par le système immunitaire pour détecter et neutraliser les agents pathogènes de manière spécifique. Les anticorps, aussi appelés immunoglobulines, sont des protéines douées d'une activité anti-infectieuse. Ils existent sous cinq formes différentes (IgG, IgA, IgM, IgD et IgE) et sont tous présents dans le lait de la femme. Les anticorps sont produits au niveau des muqueuses de l’intestin qui permet de neutraliser des toxines, virus ou bactéries pathogènes.

 

 

Q.3) Les molécules d'IgA ont-elles un rôle plus spécifique ?

 

Chacun de ces anticorps joue un rôle considérable dans l’organisme du nourrisson mais l’anticorps le plus souvent mentionné dans le lait maternel est l’immunoglobuline A. En effet, les molécules d'IgA protègent encore plus le bébé car, contrairement à la plupart des autres anticorps, ils combattent les maladies sans toutefois causer d'inflammation. Dans l'intestin immature du bébé, la membrane de la muqueuse est extrêmement délicate, et un excès de ces substances chimiques pourrait causer des dommages considérables. 

 

A savoir

 

« On estime qu'un enfant entièrement nourri au sein reçoit en moyenne 0,5g/kg de poids corporel d'IgA sécrétoires par jour, soit environ 50 fois la dose de globuline administrée à un malade hypoglobulinémique ! », rapporté par Claude-Suzanne Diderjean-Jouveau, dans L'allaitement maternel.

 

 

 

 

Q.4) Comment les anticorps agissent-ils dans l'organisme du nourrisson ?

 

L’anticorps agit en déployant plusieurs stratégies qu’on peut résumer schématiquement de la façon suivante :

 

 

 

 

 

 

 

- L’IgA se fixe sur les corps pathogènes. Ce faisant, l’ennemi devient plus encombrant et n’arrive plus à se mouvoir, et se fixer sur la cible.

 

  • - L’IgA peut aussi s’adapter aux récepteurs des tissus cellulaires ; en bouchant les trous, les molécules d’IgA empêchent la fixation des toxines indésirables.

  • - Enfin, un dernier mode d’action,  l’association IgA-bonne bactérie conduit à la formation d’un biofilm qui agit comme une barrière en empêchant la colonisation par d’autres bactéries.

 

Q.5) Quels sont les avantages du transfert des anticorps au bébé ?

 

Premièrement, la collection d'anticorps transmis à l'enfant est hautement ciblée contre les pathogènes de l’environnement. La mère fabrique des anticorps lorsqu'elle ingère, respire ou entre en contact avec un agent infectieux. Chaque anticorps qu'elle fabrique est particulier à cet agent; c'est-à-dire qu'il se lie à une seule protéine, sur l'agent et ne perdra pas de temps à s'attaquer à des substances non pertinentes. Étant donné que la mère fabrique uniquement des anticorps spécifiques aux pathogènes de son environnement, le bébé reçoit la protection dont il a le plus besoin : contre les agents infectieux avec lesquels il est le plus susceptible d'entrer en contact durant les premières semaines de vie. Ces anticorps sont aussi en rapport avec les infections contre lesquelles la mère a été vaccinée (tétanos par exemple...) ou s'est spontanément immunisée.

 
Deuxièmement, les anticorps transmis à l'enfant ignorent les bactéries utiles qui se trouvent dans l'intestin. Cette flore bactérienne intestinale sert à limiter l'espace disponible pour les organismes nuisibles, procurant une autre mesure de résistance. Les chercheurs ne savent toujours pas comment le système immunitaire de la mère sait qu'il doit fabriquer seulement des anticorps aux pathogènes et non aux bactéries bénéfiques ; cependant ce processus favorise l'établissement d'une « bonne » flore bactérienne dans l'intestin du bébé.

Q.6) En parallèle qu'en est-il du développement des anticorps chez les enfants nourris au lait artificiel ?

 

La production d’anticorps chez le nourrisson est encore très immature. C’est pourquoi leur présence dans le lait maternel est particulièrement appréciable (on parle d’apport exogène).
Ceci assure la période transitoire jusqu’au moment où l’enfant pourra produire les siens.
Les bébés nourris au lait artificiel ont peu de moyens de combattre les bactéries pathogènes ingérés jusqu'à ce qu'ils puissent eux-mêmes s’immuniser plusieurs mois après la naissance (généralement à partir de 6 mois).
  

 

 

A savoir

 

Même si la mère est malade elle ne contamine pas son bébé en l’allaitant. Au contraire, elle ne fait que lui transférer les anticorps qu’elle développe, ce qui protège le nourrisson.

 

 

A savoir

 

Il est intéressant de noter qu'il est probable que l'immunoglobuline A puisse protéger la surface des muqueuses autres que celles de l'intestin. Dans plusieurs pays, particulièrement au Moyen-Orient, en Amérique du Sud occidentale et en Afrique du Nord, les femmes traitent les infections oculaires de leurs bébés avec leur lait maternel. Aujourd’hui nous n’avons pas connaissance d'épreuves scientifiques à ce sujet, mais plusieurs raisons théoriques nous portent à croire que ceci pourrait être efficace, sinon la pratique se serait perdue.

 

 

 

 

Afin de prouver que les anticorps sont uniquement présents dans le lait maternel, nous avons réalisé une électrophorèse. Pour comprendre en quoi consiste cette expérience, dirigez-vous sur le lien suivant !

 


LA LACTOFERRINE 

 

Les bactéries adorent le fer, une protéine nommée la lactoferrine se lie à celui-ci et ainsi les privent de nourriture et cela entraine leur mort. En cas d’infection, les taux de lactoferrine augmentent considérablement afin de fixer le maximum de fer.

La lactoferrine inhibe la croissance de plusieurs micro-organismes, elle exerce une action bactéricide sur certains germes et fixe le fer indispensable à la croissance bactérienne. Grâce à ses propriétés antibiotiques naturelles, la lactoferrine protège le nourrisson contre des infections virales ou bactériennes. Ainsi, sa présence dans le lait maternel favorise le bon développement du bébé puisqu’il est, par conséquent, protégé des infections. Elle joue donc un rôle important dans la défense immunitaire.